jeudi 26 février 2015

Extrait de "Au-delà du regard"

Mais au fond de toi tu sais que le rôle que tu joues cache l'enjeu de ton existence réel, tu ne peux plus supporter le mal-être qui s'installe en toi, ce conflit entre être et ne pas être. Mais d'un autre côté tout ton système de croyances te pousse à faire en sorte que tu oublies ce mal-être, en cultivant l'indifférence par la jouissance de tes désirs, la souffrance étant trop insupportable. Tu te retrouves alors à être ce qui est contraire à ce que tu aspires, dans une inconscience totale de la réalité de toi-même...

                                                                           Extrait de "Au-delà du regard"
                                                                                                                      Guy ROGER

mardi 10 février 2015

Enfreindre la loi du conditionnement

     
 Extrait de   Au-delà du regard  à paraître bientôt

On est tous arrivé dans la vie sans avoir aucun contrôle sur l'expression innée de chacun . Devant les événements de la vie, qui se déroulent nous ne pouvons faire autrement que de constater les faits. L'existence est une succession d’épisodes à vivre avec ses joies et ses malheurs, ,peu importe ce que nous faisons, ils arrivent. Nous n’y pouvons rien, il nous faut les vivre qu’ils soient bons ou mauvais.
Pourtant, un événement surgit, la teneur ne te convient pas et tu cherches à contrôler la situation. Tu as l'intention d'argumenter les évidences, en expliquant comment le cas devrait plutôt être, tu ne reconnais pas les faits, ils ne t'intéressent pas. Mais, tu as en tête l'idéal de ce que tu aurais aimé voir exister à la place des faits, c'est ce à quoi tu aspires que tu voudrais mettre en place. Tu légifères donc tes conclusions de la vie que tu as approuvées être convenables, acceptables et légitimes, dans lesquelles tu éprouves de la sécurité.
On va donc contrôler les effervescences des uns et des autres avec un certain sens de responsabilité, en exigeant que les actions de chacun soient celles qui correspondent à la bonne norme traditionnelle.
Ainsi, tous les événements sont interpellés à être interprétés selon l'entendement de chacun, les faits sont reniés pour être remplacés par la conclusion acceptable. Nos traditions regorgent de ces dogmes et de ces sillons tous tracés qui ont établi les "bonnes manières" de se comporter face aux événements.
Ne le dit-on pas aux autres comment ils devraient être ? Les traditions ne nous obligent-elles pas à marcher dans la réplique prescrite ? L'esprit de la masse ne convoie-t-elle pas la marche à suivre pour te faire monter sur le podium d'une glorieuse vie à gagner ?
Ces démarches sont issues de l'éducation, enseignée à la maison et dans nos écoles, tout le monde en parle. Tout est fait pour que personne ne soit ignorant de la bonne marche à suivre. Si on te voit réticent à te soumettre, que tu préfères être rêveur et ne pas te conformer à cette vie toute préparée, on te ramènera inexorablement sur le circuit pour subir comme tous, la marque incompressible de la norme du système à obéir. Celle-ci, te mettra dans l'obligation de vivre ce qui a été décrété et toutes les attitudes sans utilités à la cause du système, seront poursuivies sans répit par la propagande de la peur afin d'y être soumis.
Car, étant libre de soumission, tu es un danger à tout ce qui se concocte, tu ne contribues pas à soutenir l'activité du système. Activité, qui est celle de rallier à sa cause tous ceux qui ont bien voulu s’y soumettre. Ceux de ce cercle enrôlé à son service, ont cette tâche de ne pas te perdre, ils feront tout pour te retenir dans leur tragédie en inventant le prétexte qu'ils tiennent à toi.
Mais, la liberté n'est pas un ingrédient à mettre en boîte pour être contrôlée et amadouée. Elle ne peut être vouée au bon vouloir d'un système en dérive qui maltraite la beauté de la vraie nature des hommes. Pourtant, grande est la souffrance de l'épris, esclave de ses devoirs, sa vie est en constante demande d'évasion pour ne pas être confronté à sa condition.
Mais, il y a celui qui aspire à ne plus s'évader dans ses fantasmes, mais à se mettre devant les faits afin de voir quelle est la nature de ses peurs qui le hantent. Si tu es celui-là, il faudra être objectif et être attentif en examinant comment tu esquives ta vraie nature d'être. Cela te permettra de constater quels sont les rôles que tu joues et qui cachent le mensonge que tu soutiens.
Trouver à quel genre d'activité tu dépenses ton énergie à vouloir toujours fuir la réalité de ce que tu es ; dépend de ton observation  à tes attaches  qui fait que tu ne puisses te libérer de ton envie de jouer le rôle de celui que tu n'es pas. l’enjeu est de  débusquer les racines de tes prétentions.
Sans la peur, l'énergie en elle-même ne connaît pas de limite. Sa nature est d'être libre, elle n'est pas enfreinte par la loi des conditionnements, ni n'est-elle soumise au formalisme des trains-trains quotidiens et de ses modes de vie.
La seule vie à vivre est celle qui t'est destinée, c'est-à-dire la tienne. Celle avec laquelle tu peux exprimer ta joie de vivre, tout en détectant l'illusion rabat-joie de la peur qui veut te faire entrer dans la norme.

Cependant, le concept de la peur a besoin d'une cause pour prendre forme, afin d'échafauder une histoire dramatique. L'histoire, c'est l'illusion qui te fait perdre pied et cette illusion cultive en toi la fuite, afin de trouver du répit à ton accaparement d’avoir peur. Mais tu dois y faire face afin de connaître la teneur des angoisses qu'elle prône, tu vas être étonné de voir que ce sont tes propres histoires qui te font réagir de la sorte. Tu n'as aucune raison de fuir en cachant tes propres fantasmes sous le tapis, fais-y face et tu verras que tu seras libre tout en rigolant de toi-même et de tes imaginations.
Et si tu parviens à te connaitre de la sorte, la joie de vivre que tu auras, dans un monde où les vies sont bridées, la tienne sera une fontaine qui éveille ceux qui sont dans la morosité de leur fuite. Néanmoins, une telle expression risque d'être mal comprise et prise à partie par un système qui voudra la mettre en boîte. Exploitée et aussi parfois exposée aux applaudissements de fans, elle finira hélas par perdre son goût sauvage.
Cette machine pensante, aux nombreuses tentacules trouvent toujours le moyen, si tu n'es pas attentif, à te faire croire aux histoires qui habitent tes désirs et engloutira l'énergie de ta joie d'être.

Pour l'ordre établi, l'appétit de la liberté a été et sera toujours la bête noire du système et ceux qui ont voulu le révolutionner, comme : Martin Luter King, John Kennedy, les prophètes et bien d'autres, ont été interdits, muselés, assassinés, emprisonnés, parce qu'ils ont exposé la supercherie des peurs sans fondement. Car ses peurs restent motivées au seul but de faire exister le système par ton énergie.

Mais il n'est pas ici question de changer le système établi, mais de voir en nous les causes de la présence d'un tel monde.

En prenant considération le fait, que tu sois bercé depuis l'enfance par la peur à t’entendre répéter, que si tu n'es pas attentif à l'éducation qu'on te donne, tu n'auras pas de diplôme pour t'en sortir. Alors, l'ambition de réussir reste l'angoisse majeure avec laquelle tu construis ta vie. Car prendre part aux plaisirs que le monde offre, est devenu capital pour toi, tu te fais le chevalier qui s’en va en guerre pour les avoir et tous les moyens d'y parvenir sont bons. Ainsi, captivés par cette angoisse de l'espoir radieux, tu crois être sur la bonne voie. Mais inconsciemment, ce sont des conditionnements qui te manipulent en te privant de ta liberté et de ta joie d'être. Cependant, au fond de toi, il y a une petite voix qui aspire à toutes autres choses.

Tout le problème psychologique de l'existence vient des peurs, la peur de ne pas être aimé, la peur de ne pas avoir, la peur de manquer, la peur de ne pas être reconnu, la peur du regard des autres, la peur d'avoir peur. La pensée utilise la peur, pour émettre le programme qui remplace la joie d'exister, par l'hypocrisie de paraître. Alors, tu ne te rends même plus compte que tu es en cage, tu l'as agrémentée de confort et maintenant tu ne te questionnes plus sur la vie que tu mènes, déconcerté et avec fatalisme tu te dis que c'est normal. Comme le conditionnement a créé l'habitude de tes actions systématiques qui obéissent aux peurs, tu vas alors te convaincre qu'il n'y a pas d'autre choix et tu acceptes cela comme un sort incontournable.
Tous autant qu'on soit, assujettis par le conditionnement, nous sommes frustrés de ne pas être libres et vrais, nous avons tous connu ce malaise d'être insatisfaits avec ce sentiment de vide et de solitude.

On a tous aspiré à autre chose, mais la peur ne nous laisse pas explorer au-delà de nos tabous, de nos concepts et de nos croyances.
Ainsi parce que tu broies du noir, ton aspiration sera de faire quelque chose pour susciter un changement à ta situation et même là tu ne le feras jamais. Tes peurs t'en empêcheront, ta vie restera la même, enfermée dans son train-train, accaparée par les événements. Alors, confinée à cette solitude,  ta réaction serait de voir s'il n'y aurait pas une solution qui viendrait soulager cette sordide monotonie.
Mais l'activité de cette quête, a été celle des hommes avant toi, ils t'ont laissé leurs conclusions en héritage, leurs mémoires qui habitent la conscience t'apprennent à fuir tes peurs pour te réfugier dans l'illusion. Combien de temps encore y accorderas-tu ton attention, n'es-tu pas au bout du rouleau avec tout ça?
Depuis les milliers de décennies, on n'a rien trouvé d'autre, que déceptions et désarrois, l'état du monde nous le dit, devrait-on y croire encore aujourd'hui ? Je t'invite à sortir de ce carcan.

Pour la plupart le manège tourne et personne ne pense plus à y descendre. Mais toi qui as fait tout ça, le cercle vicieux de l'obligation, l'esclavage des sempiternelles habitudes, il est temps d'aller au-delà de ce conditionnement !
Si tu as l'insatisfaction de ta vie en main, tu as toutes les raisons pour ne plus t'y faire enrôler, mais si tu n'as pas une clarté de l'état de ta condition, tu voudras encore faire des tours du manège enchanté.

Observe ta vie, ce qui se passe en toi, les dualités, les insatisfactions, le mal-être, ton petit univers où tu t'isoles. C'est en prenant conscience de cette réalité dans laquelle tu es, que tu trouveras la raison de te libérer de tes peurs. Où en est tu ? Que fais-tu de cette réalité ? Résistes-tu de faire face en prétendant être ce que tu n'es pas ? En jouant des rôles, crois-tu avoir de l'importance ?  Ou peut-être te dis-tu, je suis dans cette tourmente je ne peux rien y faire, alors, l'excuse est donnée pour ne pas descendre du manège.
Donc pour laisser le vieux et ton passé derrière toi, il faut que tu t'aperçoives de ton insatisfaction à la vie que tu mènes, sans vouloir l'effacer pour enrayer le mal-être. Car si tu cherches à t'échapper de l'état dans lequel tu te trouves, tu te coupes de la possibilité de voir vraiment ce qui se passe en toi.

Quand tu fais cette non-action, que tu laisses le malaise être, afin de voir ce qui se trame en toi, c'est l'humanité que tu découvres. Tu ne fais pas une telle observation pour gagner quelque chose de plus, car l'ordre qui adviendra en toi sera un don destiné à l'humanité enfoncée dans son désarroi.  C'est un service rendu à l'humanité, ton égo ne trouvera aucun intérêt à agir de la sorte, c'est une action désintéressée destinée aux plus grands nombres, aucun intérêt pour le "moi/je".
La grande illusion est là, se faire croire être important dans les actions que tu mènes pour l'autre. Mais l'intérêt sou jacent est le tien, une gloire de plus pour parader, si bien que tu ne portes aucun intérêt à la réalité des faits, tu continues à soutenir le sort de l'humanité tel qu'il est.
Car pour toi, faire une action où il n'y a rien à gagner, où aucune attention ne t'est rendue, ne rentre pas dans la nature du fonctionnement du mécanisme de tes pensées. Une telle action désintéressée demande l'abandon total de l'action de la pensée, là seulement peut naître l'amour.
Dans l'activité de la pensée il y a un grand paradoxe, on parle de liberté, de paix et de fraternité, on voudrait faire des actions pour démanteler le système qui conditionne cette liberté. Mais pourtant on agit avec un sens du moi dans toutes nos actions quotidiennes, dans l'indifférence de la souffrance de celui-ci subit l'agressivité du système que tu cautionnes.
L'homme existe, sous la perspective de s'être identifié aux expériences acquises du passé, l'entité que l'on se dit être n'existe pas, car c'est la projection qui est faite de soi en un concept. Pourtant, c'est elle qui prétend vouloir faire un monde meilleur et elle s'active à faire tout pour que l'humanité soit à son goût, la rendant plus sociable, plus juste en lui inculquant les états de bontés à atteindre. Mais l'histoire nous dit autrement, les faits sont là, toutes les actions de cette entité ont enfoncé l'humanité dans la confusion et l'esclavage. Car ce sont uniquement ses intérêts qui sont concernés, ils divisent en s'isolant des uns des autres pour mieux régner sur ses privilèges.
Quand c'est la fin de toute l'activité du "moi/je", il y a l'éveil d'une perception à la réalité de ce qu'il y a vraiment et l'action qui s'y mène, est créatrice.
Le penseur, "moi/je" avec toute son activité à produire et poursuivre l'illusion d'une satisfaction, est l'entité faite de substance matérielle, liée au monde de la forme qui fait régner le temps.

Un centre d'intérêt fonctionne que si les choses existent : des images qui se véhiculent en prétention et l'accumulation de tout ce que la pensée a fabriquée.
C'est une substance versatile non fiable et futile, de l'illusion matérialisée au bout de tes sensations qui sont en demande de satisfaction.
Ton activité est celle d'engranger et non pas celle de semer, c'est avec cette action d’amasser que tu veux gagner de la notoriété, qui matériellement ce manifeste par l'accumulation de tes biens physiques et/ou intellectuels liés à ta situation sur l’échelle sociale.
Tout cet affairement que nous avons, est l'aboutissement de nos vies à nous isoler en érigeant des défenses, d'où se créent la méfiance pour les uns et l'envie pour ceux qui aspirent aussi au confort.

Tout ce que la pensée fabrique se manifeste dans le monde visible, en ces lieux, rares sont ceux qui sont prêts à abandonner leurs acquis.
Le monde est construit de l'activité de "moi/je", ses intérêts sont ceux qui attisent les guerres dans le monde.
Mais voyant la souffrance que cela crée, il n'y a pas la responsabilisation de nos actes, l'acte d'accuser les autres donne à chacun le droit de s'adonner à ses activités mesquines, cette façon d'agir a pour effet de renforcer le courant de l'activité vers son but à diviser, conquérir et rendre esclaves.

Les uns aspirent au mal, les autres au bien, mais ce n'est que la dualité d'un seul mouvement qui aspire à gagner du terrain pour ses intérêts. Tous deux concourent à la  satisfaction d’un soi et cette façon de vivre met le monde dans un grand désarroi de méfiance et  personne n'a la paix.
La paix n'a rien à voir avec combattre ce qui est mal, pour le remplacer par le bien, la paix c'est quand tu ne fais plus rien pour faire exister ce que tu crois être bon ou mauvais. Tout cela ne sert qu'aux intérêts de ton bien-être personnel, tu te sers de ton expérience passée pour décréter ce qui va rendre service à ton confort.
Tu veux seulement vivre tes plaisirs, comme bon te semble, sans te soucier de l'impact de tes actions sur la vie que tu fabriques.
Même l'ermite, retiré de tout, sur sa montagne, créant sa situation de bonheur par ses désirs et ses envies, est cependant séparé du reste du monde par son idéal, la  croyance qu’il a de comment la vie devrait être. Ainsi sa vie est divisée de toutes les autres vies.
Alors, quel est donc l'état d'un esprit qui ne va rien créer à travers l'activité de ses pensées ? Quel est le genre de monde qui va être manifesté ?

Si tu t'y intéresses, il faudra que tu te libères de l'envie de devenir la notoriété respectable, du besoin d'être satisfait par tes croyances, de systématiquement te soumettre aux traditions et aux peurs de ne pas exister. Car, la paix commence là, en soi, quand tous ces problèmes sont balayés.

Mais, quand la division et la dualité de nos insatisfactions sont en effervescence, le conflit annule la paix en soi et matérialise dans le monde les horreurs que nous connaissons.
La vie n'est pas l'existence d'un concept, c'est une réalité qui est à vive, sans trace de projection ou de nostalgie. Cette nouveauté de chaque instant qui est vécu, doit être laissée aussi à lui-même, parce que constamment des événements neufs surgissent et eux aussi sont à être laissés là.
Se défaire de ce que l’on a aimé, sans laisser aucune mémoire du vécu s'installer, c'est ce que tu dois faire, sans t'y attacher, même si c'était la plus belle chose de toute ta vie. Tu ne tiens plus à rien, parce que tu vas devoir saisir la prochaine vague de nouveauté qui sera aussi sans trace du passé. C'est une succession de moment présent à vivre où il n'y a pas de but à atteindre.


Mais la pensée dira ce qui s'est passé hier, c'était bien ! J'aimerais encore le revivre. Mais ce plaisir que l'on veut encore n'est que mémoire morte, souvenir de joie vécue. Chaque instant tu dois être prêt à entrer dans la danse de la vie à vivre, car si tu es épris de tracasseries et de nostalgie, tu ne connaîtras pas la beauté d'être toi même.